jeudi 21 mars 2024

Don au Musée de Pontarlier

Dans la continuité de l'exposition "1870-1871 Au pays des Bourbaki, 150 ans de la retraite de l'armée de l'Est" présentée en 2021 au Château de Joux, j'ai donné trois des oeuvres exposées au Musée de Pontarlier.

De gauche à droite :    Il pensait déserter - Honte - Aveugle

J’avais cherché à exprimer ce que les lectures relatives à l’épisode historique de la retraite de l’armée de l’Est m’avaient apprises de l’état des soldats de l’armée du général Bourbaki.
Les canons d’alors avaient une portée et une mobilité très limitées. La plupart des combats s’effectuaient au corps à corps, à l’arme blanche.
Les soldats de l’armée de l’Est devaient cependant affronter d’autres ennemis qui étaient eux, présents en permanence : le froid, la neige, le vent, le soleil éblouissant, le manque de munitions et de vivres. Luttant contre deux ennemis, l’un humain et l’autre naturel, le moral des combattants était mis à rude épreuve. J’ai donc cherché à exprimer sous forme de portraits ce que certains de ces soldats pouvaient ressentir. D'autres oeuvres évoquent les souffrances guerrières elles-mêmes.
Cette série de portraits faisait le lien entre la partie de l’exposition consacrée aux événements historiques de la guerre franco-prussienne, et la salle consacrée aux migrants actuels qui, souvent, éprouvent des sentiments similaires, perdent pied eux aussi, par le déracinement et l’exil.

Les trois peintures ont été remises au Musée de Pontarlier le mercredi 20 mars 2024 à mon atelier.

Année              2017
Format             88,5 x 73 cm
Technique        acrylique, plâtre, cendres, gomme laque

dimanche 21 janvier 2024

Livres d'artiste en vitrine

En marge de l'exposition "Le souffle créateur" de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (voir article précédent), cinq de mes livres d'artiste sont exposés dans la vitrine de la rue Basse 32 à Bienne.

Am Rande der Ausstellung "Le souffle créateur" der Bibliothèque publique et universitaire von Neuenburg (siehe vorheriger Artikel) werden fünf meiner Künstlerbücher im Schaufenster an der Untergasse 32 in Biel ausgestellt.

> Jusqu'au 16 février 2024       > Bis zum 16. Februar 2024.




samedi 13 janvier 2024

Exposition de livres d'artistes - Vernissage

 Sous le titre "Le souffle créateur", la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel invite au vernissage de l'exposition de livres d'artistes déjà mentionnée dans l'article précédent :

Mercredi 24 janvier à 18 h 30

Salle de lecture de la Bibliothèque


jeudi 21 décembre 2023

Exposition de livres d'artistes à la BPUN

La Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel expose dans ses vitrines un aperçu des livres d'artistes issus de ses fonds. Le vernissage aura lieu le 24 janvier 2024, mais l'exposition est déjà visible. Elle durera jusqu'à fin avril 2024. 

L'exposition a été conçue par les étudiant.e.s du Master en études muséales de l'Université de Neuchâtel. Chaque vitrine évoque un aspect particulier du livre d'artiste: matériaux, format, relation entre texte et image, bibliophilie. Elle apporte ainsi un nouvel éclairage sur l'objet hybride qu'est le livre d'artiste et la place qu'il occupe dans l'art d'aujourd'hui.

Deux de mes livres d'artiste y sont exposés :

Fossoyeurs

49 x 33 cm, 18 pages, 2016 

Quelques petites choses du Japon

30 x 21 cm, 22 pages, 2020

mardi 12 décembre 2023

voli - lubi - a / dopté

 

C'est le titre du livre d'artiste que je viens de terminer. Les mots "volupté" et "libido" y sont combinés. L'arrangement des syllabes laisse aussi entendre "voli" comme volonté, et "lubi" comme lubie. Et puis figure "dopté", vocable dans lequel on pourrait entendre dompté. Il est cependant précédé d'un a privatif... Les contraires se rejoignent dans ce conglomérat qui fut le point de départ pour tenter de défaire ce noeud gordien. Le livre contient plusieurs éléments ajoutés se dépliant vers le haut, latéralement et vers le bas.

Format 48 x 31 cm, 30 pages, techniques mixtes, 2023

pages 8 et 9


jeudi 25 mai 2023

Nouveaux livres d'artiste

Rater mieux - Essayer voir 1   

Ce titre un peu étrange a deux origines: Dans Cap au Pire, Samuel Beckett utilise l'expression rater plus. A la quantité, je préfère la qualité. Je l'ai donc modifiée en Rater mieux. Quant à Essayer voir, je l'ai emprunté à Georges Didi-Huberman qui donne ce titre à son livre où, prenant en exemples quelques artistes, il cherche à voir ce qui se dérobe. 

75 x 50 cm, 28 p., 2022


Rater mieux - Essayer voir 2

En réalisant le no 1 portant le même titre, j'ai pris conscience que j'allais le destiner à la poésie sonore. Fabelsaft l'a effectivement intégré dans sa prestation scénique. Le numéro 2 s'est donc imposé naturellement afin de poursuivre l'exploration de ce sujet, en me libérant des contraintes liées à la diction en public. J'ai conservé le même titre, le même format et le même nombre de pages. En reliant le livre, donc avant de le peindre, j'ai commis un couac involontaire. C'était déjà raté.

75 x 50 cm, 28 p., 2023



GENDER vs GENDER

La tendance est aujourd'hui à l'équilibrage des genres. J'ai été guidé par l'idée que la parité numérique n'était rien si elle n'était complétée par une autre approche d'ordre qualitatif. Que veux dire qualitatif dans ce contexte? Le livre a démarré sans savoir ce qu'il allait devenir. Je n'avais presque plus de couleurs. J'ai enduit les trois premières pages du vert qui me restait, puis j'ai gravé des restes de linoléum que j'ai imprimé par simple pression de la main. J'ai collé ces impression dans le livre, puis j'ai pu commander des peintures. Et le livre a pris l'orientation définitive.

46,5 x 51 cm, 22 p., 2023 


À

Un livre composé de morceaux d'anciennes peintures assemblés à l'aide de vis de reliure. Je ressortais de temps à autre cette pile de peintures pour les réassembler, pour tenter de trouver une suite logique. Pour m'y projeter aussi, cherchant à y glisser des mots. Ce sont mes doigts, en touchant ces pages, qui ont finalement posés les mots en une seule phrase qui commence par À et se termine par un point d'interrogation.


33,5 x 35 cm, 34 p., 2023


samedi 13 mai 2023

Pourquoi scier à la main ?

On me propose une tronçonneuse pour couper mes bûches.
Et on ne comprend pas pourquoi je refuse.


Premièrement, je n’oublie pas que les Grecs anciens appelaient tout objet technique un pharmakon. C’est-à-dire à la fois un remède et un poison. Aujourd’hui encore, tout objet technique présente au moins ces deux aspects, l’un bénéfique, l’autre néfaste. Il en va ainsi avec les médicaments qui présentent presque tous des effets secondaires plus ou moins négatifs, comme de la voiture qui transporte, pollue et fait du bruit. La tronçonneuse aussi, fait beaucoup de bruit, est dangereuse et pollue ou consomme du courant électrique. Avec la portée croissante des effets de la technique est apparu le principe de précaution pour permettre de penser l’utilité de la technique et tenter d’éviter les catastrophes à large échelle. 


D’autre part, la possession ou la présence même de l’objet technique incite à son utilisation. Cela veut dire que l’objet technique que nous avons à portée de main dépossède de la pensée liée à son utilisation. Il est là, donc je l’utilise. Sa présence court-circuite la pensée que nous pourrions ne pas y avoir recours. Il en va ainsi du robot ménager comme de la voiture, de la souffleuse à neige ou de l’ordinateur. En ceci, l’objet technique éloigne de soi les gestes qui nous attribuaient un savoir-faire. Le robot ménager fait perdre l’usage du fouet, geste ancestral qui nous relie à la mayonnaise ou à la sauce que nous sommes en train de confectionner, car le fouet qui prolonge la main nous renseigne sur la viscosité de la matière remuée. La voiture nous désapprend à marcher, la souffleuse à neige nous empêche de penser qu'à cet endroit-là la neige peut éventuellement fondre et disparaître toute seule, l’ordinateur nous fait perdre l’usage de la plume pour écrire une lettre et le risque de la faute d’orthographe que l’on pourrait commettre; il dissipe par conséquent notre concentration puisque le logiciel prend en charge la correction orthographique. Ce constat se répète à toutes les échelles. L’armée d’un pays étant aussi un objet technique, le pays va donc l’utiliser. L’actualité nous en livre des exemples éloquents.


En ayant recours à la scie égoïne pour partager mes bûches, je touche le bois et j’en apprends par conséquent la texture, l’effort physique me réchauffe et j’aurai donc besoin de moins de bois pour chauffer la pièce. Le temps du sciage est aussi un précieux temps de réflexion où s’élaborent des idées qui n’auraient pas pu surgir, la tronçonneuse abrégeant le temps de sciage. Avec la scie manuelle je fais moins de bruit, je n’utilise aucun combustible fossile, je m’accorde un temps de réflexion et je me réchauffe.

A qui m'adresse la remarque qu'en allant plus vite elle ou il gagne du temps, je demande à quoi est utilisé le temps gagné. Parfois, je fais aussi observer que l'on confond, aujourd'hui, vitesse et urgence qui sont deux notions opposées, la première purement quantitative, la seconde qualitative.